Association COL.E.R.E. à Narbonne

Vue de la plaine Narbonnaise depuis l'Oppidum

Au début coulait une rivière (La Mayral) au pied de la colline des lauriers (Montlaurès), avant de rejoindre le fleuve Atax (l’Aude) et plus loin la mer. Le sud de la colline était bordé de petits lacs (Les Oeillals). Un coin de paradis idéal pour y vivre, loin des étangs et de ses moustiques, ce que firent la tribu des Elisyques. Ils bâtirent leur ville "Elicia" sur l’Oppidum de Montlaurès, et cette ville deviendra la capitale des Elisyques, qui habitent aussi sur d’autres Oppidums : Pech Maho, Ensérune… La plaine est riche, on y cultive le blé, et le fleuve voisin amène la nourriture nécessaire pour vivre en autonomie. Plus tard les romains s’installeront au bord de la mer pour y créer Narbo Martius et continueront à exploiter le blé dans cette plaine si riche qu’est Liguria (Livière). Les croisades et guerres qui suivirent virent passer guerriers et garnisons du roi, que la plaine contribue à alimenter. Le fleuve Aude change son cours au 14ème siècle et plus tard Riquet construira le Canal de la Robine dans son ancien lit. La vigne remplace le blé dans la plaine, la production est si belle que l’on y fait " pisser le vin". Des domaines et châteaux viticoles se construisent à la fin du 18^ème siècle et au 19ème. Le paysage est devenu un océan de vigne, ponctué de chais énormes, témoins de la richesse de cette production qui arrose toute la France de son vin, car la plaine n’est pas touchée par le phylloxéra. Hélas, les différentes crises viticoles et l’évolution de la consommation finirent aussi par toucher la plaine, les paysages se modifient à nouveau et le blé reprend peu à peu la place de la vigne. Des Domaines abandonnent la viticulture, ceux de Malvezy et Tauran sont rachetés par une usine en 1959. La vie continue à s’écouler paisiblement dans la plaine, les Narbonnais vont s’amuser et se baigner à la guinguette de l’Oeillal au pied de Montlaurès. Les Narbonnais s’interrogent sur cette usine voisine qui grandit dans la plaine mais celle-ci représente beaucoup d’emplois, ce qui n’est pas si fréquent pour notre région sinistrée par le chômage. Le pilier de l’économie Narbonnaise est maintenant le tourisme devant l’agriculture. Certains domaines continuent la viticulture mais font aussi du tourisme vert. D’autres domaines et châteaux sont rachetés pour en faire des maisons d’hôtes ou salles de réception car les touristes sont friands de notre cadre de vie. Le petit paradis des Elisyques existe toujours, différemment.  Mais, l’usine grossit et les bassins deviennent de plus en plus envahissants, malodorants et visibles dans la plaine, la rivière a été détournée, l’Oeillal et les abords de Montlaurès sont désormais dans l’enceinte de l’usine, les proches voisins ont été rachetés et les maisons rasées, l’agriculture alimentaire n’est plus possible car la terre est polluée… Et maintenant le tracé du futur TGV s’invite dans la plaine…

 Quelle histoire allons-nous écrire pour les enfants de demain ? Quel avenir pour cette plaine ?